Georges TSAO  (2012)

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Pour les pointes avant 1-2 on conservera au maximum un angle aigu Y, car c'est la partie la plus importante qui va pénétrer dans la glace (Figure 2). Si cet angle Y est plus grand, la pointe pénétrera beaucoup moins dans la glace (Figure 3). Pour les pointes avant 3 - 4 on limera sur la partie B (Figure 4) on ne touchera pas à l'autre côté de la pointe afin de ne pas déplacer le point A vers l'arrière et ainsi modifier l'angle d'attaque du crampon. Pour les pointes 7-8, les pointes étant symétriques, on limera des deux côtés en respectant un angle Y aigu. On procédera de même pour les autres pointes qui sont symétriques.

Comment procéder: voir figure 1, maintenir un angle de 60° environ par rapport aux pointes 1-2, appuyer sur la lime en poussant, quand vous ramenez la lime, ne pas appuyer sur celle ci. Ne pas limer perpendiculairement par rapport à la pointe, car cela va produire un bruit de crécelle et le résultat ne sera pas efficace.




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L'affûtage des crampons se fait assez facilement avec une bonne lime achetée dans une quincaillerie ou grande surface, genre Leroy Merlin, Castorama. Choisir une lime plate rectangulaire avec une taille douce. Je déconseille fortement d'employer un autre moyen (par exemple meule électrique). Pour quelle raison : avec cet outil, à moins d'être un expert, vous risquez par suite de fort échauffement de la pointe des crampons d'amoindrir les propriétés de dureté. En effet les crampons sont fabriqués avec un acier allié, genre chrome molybdène auquel on a fait subir un traitement thermique que l'on appelle "la trempe" qui consiste à porter le métal à une température élevée déterminée et à le refroidir rapidement. Cette opération a pour but d'augmenter la dureté de l'acier. Nota: ces règles de base sont parfaitement applicables avec des crampons plus techniques.

Pour les crampons en aluminium et alliages on procédera de la même manière en utilisant de préférence une autre lime neuve afin de ne pas polluer le matériau (limaille de fer déposée sur les stries de celle ci). Ou bien, nettoyer votre outil avec une carde avant usage. Si non il y a un risque de corrosion non négligeable quand vous allez limez vos crampons.

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L'ai-je bien descendu ?

Philippe Ungerer avec l'aide de David Game et Dominique Gosset

Cliquez sur les schémas pour les agrandir


Non, ce n'est pas de l'escalier de la Croisette que je vais t'entretenir, mais des pentes chargées de neige profonde qui distinguent le descendeur confirmé... du skieur mal à l'aise. Quand on est dans ce deuxième cas, comment progresser ? Une première solution, c'est d'avaler des pentes à répétition. Inscris-toi donc à tous les cars couchettes, fais tous les stages, force-toi à faire un maximum de virages à chaque descente, choisis systématiquement de passer dans les bosses... Mais pour les parisiens que nous sommes, il n'est pas facile d'être souvent dans les Alpes (encore moins dans les Pyrénées) et les progrès risquent d'être lents. D'où l'utilité de gagner un peu de temps en comprenant mieux ce qu'on peut faire et ce qu'il vaut mieux ne pas faire. C'est le but de cet article. Pour ma part, j'ai eu un certain nombre de « déclics » en comprenant le caractère essentiel de certains gestes et en réalisant le caractère inepte de certains conseils. Attention néanmoins: ce qui paraît essentiel à certains skieurs ne l'est pas pour d'autres, et ce qui suit ne résoudra peut-être pas tes problèmes. Enfin, je te demande un peu d'indulgence pour les dessins, qui sont là pour faire réfléchir et pas pour servir de modèle !


Passer correctement les bosses

Combien de fois n'ai-je pas vu une série de petites bosses, pas bien méchantes, envoyer un pantin désarticulé au tapis alors que les autres skieurs passent bien à la même vitesse ? La parade se trouve dans une technique connue sous le nom d'avalement en ski de compétition. Elle consiste (schéma 1) à utiliser les jambes comme un amortisseur qu'on replie sur les bosses et qu'on détend dans les creux, de façon à ce que le buste suive une trajectoire aussi rectiligne que possible. De même que pour un véhicule, le fait d'amortir permet de garder toujours le contact avec la neige (en particulier dans les creux), ce qui est une condition importante pour maîtriser la trajectoire dans un terrain délicat. Si l'on perd le contact avec la neige (ou même si l'on pèse beaucoup moins que d'habitude) il devient en effet difficile de corriger la position (avant/arrière ou gauche/droite). A contrario, l'erreur souvent commise par beaucoup de débutants est de ne pas assez fléchir sur la bosse, ce qui les fait s'envoler juste après, avec souvent une chute à la clé sur la bosse suivante (schéma 2).
Les schémas indiqués ne sont qu'un cas de figure parmi beaucoup d'autres relevant du même principe, qui est d'utiliser les jambes comme amortisseurs pour garder le contact. Par exemple, si l'on a un creux prononcé à franchir, on fléchit les jambes avant d'arriver au bord du creux, pour pouvoir détendre les jambes dans le creux et garder le contact avec la neige. En sortant du creux, on fléchit les jambes à nouveau pour éviter d'être catapulté en l'air et de retomber comme une crêpe.

Maîtriser le virage en neige profonde

Le cas que je vais traiter ici est le virage dans une pente moyennement raide (20-30°) en neige fraîche. Contrairement au ski de piste où un faible déclenchement (c'est-à-dire un faible effort de rotation) suffit à tourner, le virage en neige profonde demande un déclenchement important pour forcer les skis à changer d'orientation malgré la neige qui contrecarre le mouvement. Pour tourner, on doit accentuer le mouvement de flexion-extension par rapport à la piste. Cela, tout le monde le sait, mais la difficulté est plus subtile. En effet, si l'on se contente de déclencher le mouvement de rotation en même temps que l'extension, comme le font beaucoup de débutants, le début du virage se passe bien mais la fin est beaucoup plus difficile à contrôler. En effet, l'élan de rotation est tel que le skieur n'arrive pas à interrompre le virage. Dans les cas extrêmes, il remonte à contrepente et tombe en arrière (schéma 3). S'il parvient à éviter la chute, il se retrouve malgré tout dans une mauvaise position qui l'empêche d'enchaîner sur le virage suivant.

Ici encore, la parade va s'inspirer des techniques des compétiteurs. Regarde un slalomeur : le buste garde toujours la même orientation, tourné vers le bas de la pente, tandis que les jambes et les skis tournent en fonction des virages. Pourquoi est-ce plus efficace ? Parce que le skieur n'a alors que l'élan des jambes et des skis à imprimer en début de virage ou à stopper en fin de virage. C'est une inertie bien moindre que si l'ensemble du corps devait tourner. Qui dit moins d'inertie dit maîtrise plus facile, évolutions plus rapides. Comment transposer ce principe au virage en neige profonde, qui est un mouvement très éloigné du slalom ? C'est en fait très simple : en début de virage, il faut tourner le buste vers l'aval avant le mouvement d'extension, voire avant le mouvement de flexion (schéma 4). Comme le buste est déjà tourné dans la bonne direction au moment où l'on doit déclencher vraiment le virage, un effort de rotation moindre suffit pour faire tourner les skis. En fin de virage, il faut maintenir le buste orienté vers le bas de la pente, ce qui est un mouvement quelque peu contre-intuitif car les skis doivent continuer à tourner. En particulier, il faut éviter que le bras situé à l'extérieur du virage tourne en même temps que les skis. Il doit rester bien en arrière (schéma 5).

Un mot au sujet du planter de bâton : il joue un rôle d'appoint utile, sans plus. Certains ont peut-être entendu que le planter de bâton donne l'impulsion essentielle pour la rotation (en tout cas c'est ce qu'un moniteur m'avait dit à mes débuts). C'est de la fumisterie : essaye de faire une flexion-extension sans essayer de tourner, tu verras bien que ce n'est pas de planter le baton de côté qui te fera virevolter.
Certains bons skieurs ne jugent pas nécessaire de tourner le buste avant le virage comme indiqué par les schémas 4 et 5 et ne commencent à tourner qu'au moment de l'extension. Ils s'en sortent simplement en dosant leur rotation de façon adéquate. Je pense malgré tout que le virage proposé par ces schémas est plus facile : l'élan de rotation est moindre pendant le virage, car l'orientation du buste reste constante pendant que les skis tournent. Du coup, on risque beaucoup moins de se laisser embarquer dans une rotation excessive en fin de virage comme dans le schéma 3. Par contre, un point sur lequel la plupart des bons skieurs semble d'accord est qu'en fin de virage, le buste ne doit pas accompagner le mouvement de rotation des skis et doit rester tourné vers l'aval . Cette position de fin de virage permet en effet d'aborder beaucoup plus facilement les évolutions ultérieures, par exemple si l'on doit enchaîner tout de suite sur un autre virage. Nous verrons cela un peu plus loin.

 


Pour résumer, au point où nous en sommes:
Si tu veux progresser, fais un maximum de virages à chaque descente et randonne souvent.
Pour passer correctement dans les bosses, fléchis bien les jambes sur les bosses et détends-toi dans les creux pour bien garder le contact avec la neige (technique d'avalement).
Pour bien contrôler ton virage en neige profonde tourne les épaules vers le bas de la pente avant de déclencher la rotation, et surtout, garde-les tournées vers l'aval en fin de virage.
Maintenant nous allons passer à quelques variantes tout en restant sur le même thème : comment aborder un trou, comment perdre de l'altitude dans une traversée encombrée, comment adapter le virage en pente raide. Et enfin, le but toujours recherché et jamais atteint, comment enchaîner des virages en toutes neiges et tous terrains ?. Répétition de l'avertissement : les conseils qui suivent seront peut-être parlants pour certains skieurs et pas pour d'autres. Il n'y a pas qu'une vérité?. Quant aux dessins, ils sont plus destinés à faire réfléchir qu'à servir de modèle !


 

Comment aborder un trou

Congères, ravines, ruisseaux... les trous sont des obstacles fréquents dans une descente. Ici je ne parle des petits trous du poinçonneur des Lilas, que les skis sont assez longs pour chevaucher. Je ne parle pas non plus des grands trous, dans le genre half-pipe, qui demandent de modifier sérieusement la direction si l'on ne veut pas valdinguer n'importe comment. Non, je parle ici des trous moyens, d'une profondeur encore modeste par rapport à la taille du skieur mais néanmoins suffisants pour envoyer l'imprudent goûter les flocons de près (schéma 6).

En quoi consiste le problème ? C'est très comparable au problème du train de bosses envisagé plus haut. Si l'on arrive en position normale (c'est-à-dire les jambes peu fléchies) l'inertie fera que l'on aura tendance à décoller au-dessus du trou, d'où 1° difficulté de contrôle de la position dans le trou 2° atterrissage brutal au fond du trou ou sur le bord opposé. Dans les deux cas, risque de chute... Pour passer plus harmonieusement, il faut fléchir sérieusement les jambes avant d'aborder le trou (schéma 6). De la sorte, on peut instantanément détendre les jambes en arrivant dans le trou ce qui permet 1° de bien garder le contact avec la neige et donc de mieux contrôler la position avant-arrière dans le trou 2° d'éviter de chuter au fond du trou ou sur le bord opposé. Au sortir du trou, on fléchit à nouveau les jambes pour éviter de se faire projeter en l'air si le bord du trou est raide. De même que pour le train de bosses, les jambes fléchissent ou se détendent pour assurer au haut du corps une trajectoire aussi rectiligne que possible.

Virage en pente raide

Au GUMS, on met généralement les crampons quand l'inclinaison dépasse 40° sur plus de quelques mètres. Quand on parle de pente raide, ce n'est donc pas de ski extrême mais plutôt de 35-40° qu'il s'agit. Qu'est-ce qui change par rapport au cas des pentes modérées (20-30°) discuté dans l'article précédent ? Trois éléments diffèrent significativement.

En premier lieu, le virage doit être bref car sinon, on prend une vitesse excessive pendant le virage. Qui dit vitesse excessive dit dérapage long, contrôle difficile et risque de chute. Parade : tourner le buste fortement vers l'aval avant le virage, faire pivoter les skis rapidement et garder le buste dans la même orientation en fin de virage pour préparer le suivant (schéma 7). Au besoin, pratiquer le virage sauté : on fait une extension suffisamment forte pour décoller de la surface de la neige. Les skis n'étant pas en contact avec la neige, on peut les faire tourner plus rapidement. C'est en particulier utile quand on doit enchaîner des virages dans un couloir raide et étroit (les couloirs raides sont rarement très larges, on dirait que le monde est mal fait, non ? ).
En deuxième lieu, il faut éviter que le talon des skis se heurte à la pente côté amont pendant le début de la rotation, ce qui gênerait fortement le virage. Lors de l'extension, il faut donc tirer le talon des skis vers le haut de façon marquée, en faisant comme si l'on cherchait à toucher les fesses avec le talon des chaussures.
En troisième lieu, une pente raide oblige à ne pas évoluer les jambes trop écartées car cela amènerait à tendre la jambe aval et fléchir excessivement la jambe amont. Pas l'idéal pour contrôler la situation...

Enchaînement de virages

Godiller dans la profonde est sans doute l'exercice qui demande le plus de persévérance de la part du skieur. Sur le papier, il ne s'agit guère que de répéter des virages. Pourquoi donc est-ce si difficile ? La principale raison tient à la position qu'il faut avoir en fin de virage, à savoir bien équilibrée (droite-gauche et avant-arrière) et le buste bien tourné vers l'aval, afin de démarrer tout de suite le virage suivant. Comme on l'a vu plus haut, un défaut courant est de laisser les épaules accompagner les skis pendant le virage. Le temps de réaligner les épaules dans la bonne direction, et l'on a déjà perdu le tempo. Il n'est pas naturel de forcer les épaules à rester obstinément tournées vers le bas de la pente en permanence, et c'est pourtant bien ce qu'il faut faire pour enchaîner efficacement. Que l'on soit sur piste ou dans la neige profonde, ce problème est le même et l'on peut donc tout à fait s'y attaquer en s'entraînant un peu sur piste. Cela présente l'avantage de sérier les problèmes, car l'on aura moins de problème à contrôler les équilibres avant-arrière et droite-gauche sur piste. Quand on aura appris à enchaîner les virages rapidement sur piste (de l'ordre de 8 virages en 10 secondes sur une pente de 20-30°), c'est que l'on aura forcément appris à orienter son buste vers le bas de la pente. On pourra alors passer en neige profonde et se concentrer sur les problèmes d'équilibre. A ces stade il n'y pas de recette miracle, trouver son équilibre en godille est affaire de pratique et les meilleurs skieurs reconnaissent leur impuissance dans de mauvaises neiges croûtées. Même avec une neige bien franche, la godille avec un sac sur le dos est un exercice qui demande beaucoup de tonus, au point que certains ont parfois tendance à le faire en apnée. Pour enchaîner au-delà d'une quinzaine de virages, il est essentiel de penser à respirer profondément.
Une fois que ces différentes difficultés auront été résolues, les enchaînements peuvent apporter des satisfactions mémorables. Dans certains cas, l'élasticité de la neige fraîche et des skis combinés permet de rebondir d'un virage sur l'autre avec relativement peu d'effort, et l'on se prend à regretter que la fin de la pente oblige à interrompe les arabesques tracées dans la neige...

Perdre de l'altitude dans une traversée encombrée

Contrairement aux amateurs de ski de descente qui suivent la ligne de plus grande pente à de rares exceptions près, le skieur de randonnée consacre une grande partie de ses descentes à des traversées (pour éviter un long plat, pour rejoindre un col, etc. ) . Dans une traversée, on cherche généralement à perdre le moins d'altitude possible et à conserver son élan, mais il faut aussi contourner les obstacles naturels (arbres, rochers, etc. ). Dans un cas comme celui du schéma 9, on peut difficilement couper au plus court en trace directe pour passer en-dessous du deuxième rocher car on prendrait trop de vitesse. On peut envisager de caser deux virages (à droite puis à gauche) entre les deux rochers, comme dans le schéma 8.

Outre que cela demande une technique très sûre pour enchaîner deux virages aussi serrés, cela n'est pas forcément efficace car cela casse fortement la vitesse. Une deuxième solution, plus pépère, est de passer en dérapage entre les deux rochers mais là encore, on casse complètement la vitesse. La bonne solution, indiquée par le schéma 9, consiste à faire deux virages de faible amplitude. Le premier virage, vers la droite, amène le skieur dans la ligne de plus grande pente et le deuxième virage le ramène immédiatement dans sa direction initiale. Comme ce mouvement s'accompagne d'une accélération significative pendant le premier virage, il est bon de ralentir avant le passage au moyen d'un bref dérapage vers l'amont. Pendant le virage à gauche qui finit le mouvement, le dérapage assure un freinage suffisant pour sortir de l'ensemble du passage avec une vitesse grosso modo identique à la vitesse initiale, ce qui est idéal pour une traversée. Naturellement, le contrôle de l'enchaînement demande de conserver les épaules orientées vers l'aval à tout moment, pour les mêmes raisons que dans un enchaînement de virages normaux.

 

Ceci n'est qu'un exemple, qu'on pourrait varier à l'infini. A chaque passage sa juste combinaison de virages, d'équilibre, de sauts, d'amortis... A toi de jouer maintenant !

Les fiches techniques de la FFME

La Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade (FFME) a établi quelques fiches techniques concernant nos activités (Escalade, Ski-alpinisme, Rando), un peu inégales mais certaines sont intéressantes

Fiches techniques de la FFME

 

Article de Philippe Ungerer paru dans le Crampon n°327 (Avril 2005)
Il est principalement reproduit ici pour le paragraphe concernant l'igloo sibérien bien préférable au trou à neige.

L'article présente de façon synthétique les points abordés dans un week-end de recyclage pour chefs de course encadré par Jean-François Deshayes (directeur technique FFCAM) et Jean-François Hagenmüller (ENSA) en mars 2005 :

  • progression sur glacier : matériel, encordement, remontée sur corde fixe, mouflages
  • abris de survie : l'igloo sibérien
  • cartographie/orientation
  • recherche de victimes d'avalanches
  • estimation des risques d'avalanche  : facteurs de risque, analyse du manteau neigeux
  • conduite de course et responsabilités des encadrants

L'article : Recyclage à Argentière

N'oubliez pas votre tête, S.V.P.

Danielle Canceill (Le Crampon, Février 1999) - Révision janvier 2015 par Benoit D'HALLUIN

A ceux qui partent en car-couchettes pour la première fois.
A ceux qui partent pour la centième fois, mais qui en emportent toujours trop.
A ceux qui se remettent à la rando après une longue absence.
A ceux qui bouclent leur sac en un quart d'heure le vendredi soir;
Et aussi aux autres, ma foi...

Des listes, me direz-vous, on en trouve partout, dans tous les bouquins, guides, topos et autres manuels ayant trait de près ou de loin au ski de raid. Oui, d'accord, mais on ne les a jamais où il faut quand il faut. Cette liste (tout aussi personnelle, partiale ou partielle soit-elle) peut servir à tous les représentants des catégories désignées ci-dessus, et, distribuée à chaque préparation à un week-end ou semaine de rando, elle facilitera peut-être, l'organisation des départs en raid. Elle est également faite pour éviter que se reproduisent quelques situations inconfortables, rencontrées ces dernières années, dues à un matériel parfaitement inadapté...

 

Tout d'abord, n'emportez pas (ça fera peut-être rire certains qu'il faille le préciser, mais c'est inspiré de situations vécues!):

  • un sac à dos de la taille de ceux qu'on a pour prendre le métro
  • une trousse de toilette monstrueuse (avec un demi-litre d'huile solaire, savon, serviette,...)
  • des après-skis fourrés
  • des habits de rechange
  • une paire de baskets
  • un pyjama
  • un raton-laveur
  • etc...

Sachez que votre sac à dos sera toujours trop lourd, qu'il faille monter sous un soleil de plomb, brasser dans la neige lourde, ou surfer sur la poudreuse! Chaque gramme comptera..., et les grammes superflus comptent double! N'oubliez pas qu'il y a aussi tout le matériel collectif à se partager !

 

Par contre, emportez :


Vêtements:

  • chaussures de ski de rando (si vous ne les avez pas aux pieds au départ du car, gardez-les près de vous pour pouvoir les chausser rapidement le matin et laisser vos baskets dans le car)
  • chaussettes de ski (1 ou 2 paires)
  • pantalon de ski et/ou collant et/ou sur-pantalon, selon la saison et l'épaisseur du pantalon (les combinaisons intégrales sont à proscrire pour cause de transpiration, les salopettes ne sont pas très commodes pour les femmes: on trouve rarement des toilettes chauffées en altitude)
  • guêtres (si pas incorporées au pantalon)
  • tee-shirt (en laine ou en supertrucpolaire synthétique à la mode: LIFA, COOLMAX, DUNOVA,... Evitez le coton)
  • chemise, sous-pull ou sweat (en laine ou en supertruc)
  • fourrure polaire ou gros pull (si vous allez en cabane ou sous tente, rajoutez une doudoune ou une fourrure de plus)
  • écharpe (ça remplace un pull, si, si, ne riez pas)
  • bonnet ou cagoule (ça remplace une paire de chaussettes; ça, c'est Dominique qui le dit)
  • au printemps: chapeau ou foulard léger (et une chemise de coton fin ou en supertruc-pas-polaire-light (genre CARLINE ou DUNOVA light) pour protéger efficacement des coups de soleil)
  • moufles et/ou gants: 2 paires indispensables (par ex: moufles fourrées imperméables + moufles ou gants plus légers en laine ou fourrure polaire + éventuellement des sous-gants de soie)
  • veste imperméable et respirante (elle n'a pas besoin d'être chaude, ça permet de dissocier les fonctions chaleur et étanchéité)
  • sac à dos, si possible léger et confortable : 40-60 l si course de deux jours avec bouffe, gaz, etc... 30-40 l si course à la journée ou nuit en refuge gardé.

Tout ce que vous ne mettez pas sur vous, vous pouvez le mettre dans un grand sac poubelle à l'intérieur du sac à dos. Prévoyez une paire de chaussettes de rechange et un tee-shirt pour le retour, que vous laisserez dans le car avec vos baskets. Pensez surtout à vous organiser de manière efficace pour pouvoir descendre rapidement du car le matin


Petit matériel personnel :

  • Elastoplaste   (ça sert à tout! A la prévention des ampoules, la réparation des skis et des sacs à dos)
  • gourde (1 litre) ou camelbak (attention au gel !)
  • lampe frontale + piles
  • lunettes de ski voire de glacier suivant le programme
  • masque de ski
  • crème solaire haute protection + crème à lèvres
  • PQ
  • brosse à dents + petit, tout-petit dentifrice
  • bol (en plastique souple; les raffinés prennent 2 bols: 1 pour le salé et 1 pour le sucré) + cuillère + opinel
  • papiers d'identité (indispensables pour aller en Suisse) +  carte FFCAM
  • argent (éventuellement francs suisses) + quelques chèques (dans un petit sac plastique étanche)
  • boules Quies si les ronfleurs vous importunent...
  • éventuellement: appareil photo ultra-léger
  • téléphone ou smartphone - à tenir éloigné de votre DVA pendant la course (comme les autres appareils électroniques)

 


Matériel de montagne individuel :

  • skis + bâtons: en bon état et bien réglés
  • peaux en bon état : vérifiez l'usure, l'encollage et le système de fixation
  • couteaux
  • DVA en bon état et dont vous connaissez le fonctionnement.
    Attention : les DVA analogiques mono-antenne,  modèle "F1" notamment, sont désormais proscrits au GUMS.
  • Pelle (avec godet métallique de préférence, plus efficace pour la neige dure)
  • Sonde ( longueur mini 2m40)
  • couverture de survie (en cas de bivouac inopiné...)

Le casque est un choix personnel qui fait encore débat mais peu tout à fait se justifier. N'hésitez donc pas à l'emmener si vous avez fait ce choix mais prenez un modèle adapté au ski de rando avec le bon compromis entre la protection et le poids.

Et, selon la course prévue:

  • piolet
  • crampons réglés à vos chaussures
  • karrimat ou équivalent (si vous allez en cabane ou sous tente)
  • duvet

Et pour une course sur glacier:

  • baudrier + 3 mousquetons + 2 sangles + 2 cordelettes + 1 broche tire-bouchon + 1 jumar + 1 poulie


Matériel collectif : (pour 6 personnes)

A voir avec le responsable de votre groupe, par exemple :

  • cartes + topos
  • alti +boussole
  • réveil
  • 1 paire de lunettes de glacier de rechange
  • 2 réchauds + pare-feu + briquets
  • 2 gamelles (minimum 3l) + 1 louche + 1 entonnoir (pour remplir les gourdes)
  • 2 tentes 3 places
  • 1 ou 2 cordes (40 m, 8 mm)


Matériel de réparation

C'est généralement l'apanage du chef de raid. Sachez donc qu'il emporte avec lui (peut-être): 1 pince, 1 tournevis, 1 peu de fil de fer, quelques rivets, 1 peau autocollante de rechange, 1 tube d'araldite, du fart, du Colltex double-face, quelques anneaux de caoutchouc ...


Pharmacie :

Certains considèrent qu'elle est superflue, car soit c'est pas grave, et on peut s'en passer, soit c'est grave et on n'a jamais ce dont on aurait besoin... Mon avis est qu'il y a un certain nombre de situations intermédiaires, où elle peut rendre des services appréciables (surtout quand on part plus de 2 jours).

Elastoplaste (si vous n'emportez qu'une chose, emportez de l'elastoplaste!), désinfectant (Bétadine en petit flacon ou compresses imprégnées, ...), compresses stériles, bande autoaggripante pour les entorses (Cohéban,...), suture cutanée (Stéristrip,...), ouate hémostatique (Coalgan,...), antalgique (Aspirine, Doliprane,...), antidiarrhéique (Ercéfuryl, Immodium,...), collyre anti UV (Uveline,...), pommade contre brûlures et gerçures (Homéoplasmine, Biafine...), somnifère (éventuellement), vitamine C, Dextrose (contre les coups de pompe).

Et contre les ampoules, il n'y avait jusqu'à présent qu'une seule solution: l'amputation, euh pardon: l'élastoplastisation avant le départ! Malheureusement, il y en a pour qui ça ne marche pas… Heureusement, il existe maintenant les pansements d'«hydrocolle» ; je les ai essayés, c'est magique : ça prévient, ça soulage et ça guérit les ampoules les plus insupportables !


Bouffe :

Si vous êtes chargés de préparer la bouffe, vous serez sûrement perplexes sur les quantités à emporter, alors, voici quelques indications. Ce sont des listes pour 6 personnes (curieusement, ça marche aussi pour 8!?!). Sachez tout de même qu'il y a un inconvénient majeur à acheter la bouffe: vous vous ferez toujours engueuler (y'en a trop, y'en a pas assez, y'a trop de sucré, y'a trop de salé, etc...)! D'ailleurs, c'est un des principaux sujets de conversation en raid! Mais ceci est compensé par un avantage au moins aussi important: vous n'aurez que des choses que vous aimez, et ce n'est pas négligeable! En moyenne, cela doit représenter environ 1 kg/jour/personne (sans compter le gaz). Enlevez le plus possible les emballages, et conditionnez en petits sacs plastiques. Enfin, essayez de faire « bon », sans faire « luxueux », toutes les bourses n'étant pas forcément très bien garnies.

Petit-déjeuner: C'est un repas clé! Pour ne pas vous faire d'ennemis irréductibles demandez au préalable aux participants ce qu'ils veulent boire (thé ou café) et manger (tartines ou céréales)!

  • boissons: thé, nescafé, chocolat, lait en poudre (prévoyez large, on boit aussi à 4 h) + sucre (5 morceaux/j/personne)
  • tartines: comptez 4 petites ou 2 grandes ou 2 Wasa /j/pers + beurre facile à tartiner (125 g/j/6 pers) + confiture ou miel en petit pot plastique (125 g/j/6 pers), ou cake ou pain d'épice
  • >céréales genre muësli: (~ 100 g/j/pers) + lait en poudre
  • fromage: 50g/j/pers
  • biscuits: 1 paquet genre galettes bretonnes /j

Vivres de course: A distribuer à chacun le matin ; certains critiquent cette pratique collectiviste et suggèrent de laisser à chacun la préparation de ses vivres de course. Personnellement (et d'autres avec moi), j'apprécie la convivialité de ce partage de douceurs (surtout quand c'est Suzanne qui les a préparées !) 

  • barres de céréales ou chocolatées: Grany, Mars, Bounty,... (attention : les Nuts gèlent !): 4 petites/j/pers
  • bonbons (acidulés, menthe, caramels...): 4/j/pers
  • autres petites friandises énergétiques (pâte d'amande, nougat, lait concentré sucré,...)

Midi: Tâchez également de vous renseigner, si possible, sur l'appétit et les goûts des participants! Evitez les fruits et légumes, qui sont certes délicieux, mais lourds et peu énergétiques.

  • mélange de graines (noisettes, amandes, noix de cajou, ...): 250 g/j/6 pers
  • fruits secs (dates, figues, pruneaux, abricots, bananes,...): 250 g/j/6 pers
  • chocolat ou pâte d'amande: 200 g/j/6 pers
  • biscuits: 1 paquet de 100 à 200 g
  • 1 pain coupé: ~ 250 g (3 à 4 tranches/j/pers) ou Wasa: 1 paquet de 250 g
  • charcuterie: 1 tr/j/pers de jambon, saucisson, copa,...
  • fromage: 50 g/j/pers

Soir: Toutes les variantes sont permises et le choix dependra surtout du lieu d'hébergement, du poids que vous êtes prêts à porter et de vos talents culinaires. Ainsi, pour une seule nuit en refuge avec 600 m de dénivelée, emmenez Suzanne et ses pâtes fraiches au saumon et à l'aneth. Si par contre vous allez en cabane ou sous tente, évitez les plats à cuire, à moins que le nettoyage d'une gamelle de raviolis à la tomate ou de lapin en sauce dans la neige par -5° ne vous rebute pas... Voici donc une version « légère », qui ne salit pas de gamelle:

  • soupes minutes: 1,5 /j/pers
  • 1 pain en tranches ou 1 Wasa de 250 g
  • plat de résistance: le plus simple, le plus léger et le plus rapide (puisqu'il n'y a qu'à rajouter de l'eau chaude dans les bols) consiste à prendre en alternance, de la purée (au lait et au fromage; 2 sachets de 125 g/j/3 pers) et du couscous (70 g/j/pers).
  • épices (sel, poivre, herbes, curry, noix muscade,...) pour améliorer l'ordinaire
  • fromage: 50 g/j/pers
  • charcuterie: éventuellement un peu de jambon, saucisses,...
  • dessert: 1 gâteau ~250g
  • tisanes: 2/j/pers

Divers:

  • bougies
  • citron, menthe ou tisane instantanée pour mettre dans les gourdes
  • petits sacs-poubelles pour les ordures
  • grands sacs en plastiques pour les réserves de neige
  • gaz: 1 cartouche/j/3 personnes s'il faut faire fondre la neige. Comptez large.

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Et pour terminer, voici quelques conseils idiots (mais toujours inspirés de situations vécues):

  • N'oubliez pas l'heure de départ du car (on n'attend pas les retardataires..., sauf Georges)
  • N'oubliez rien sur le trottoir à Denfert (après la Porte d'Orléans, il est trop tard, sauf si super-Daniel est là pour foncer rechercher les chaussures oubliées)
  • N'oubliez rien dans le car le lendemain matin (les skis sont souvent indispensables pour skier, et on ne trouve pas des loueurs dans chaque village)
  • N'oubliez pas de ne pas descendre les affaires des autres (eux aussi auront besoin de leur sac à dos)
  • N'oubliez rien dans le refuge (on en a vu partir en oubliant leur gourde, leurs gants ou leur bonnet; d'autres leur piolet, leur sac, leurs bâtons, voire même leurs skis... Eh oui!).

 

Voila! Je crois qu'on a fait tout ce qu'on pouvait!

Bonne mémoire et bonnes randos à toutes et à tous!

Danielle CANCEILL

(avec la relecture précieuse de Daniel DEZULIER et Daniel VAILLANT)