Le Blog des Gumistes
retour du stage de recyclage encadrant (WE à Chamonix 23-24 mars 2013)
Retour d'un WE de recyclage, qui s'est déroulé dans une ambiance idéale pour ce genre d'occasion : gros risque 3, brouillard, petites chutes de neige.
Dénivelé absolument faramineux : montée au refuge Bonatti samedi depuis Planpincieux (4km de plat, 250m de montée), ballade dimanche (1km, 350m)
Rythme très cool (petit déj' samedi de 7h30 à 9h), hégergement grand luxe (Bonatti, c'est un hôtel d'altitude, bar, bière pression, cozy au possible, et en plus une bande d'une trentaine de filles de tous pays, réseau WOW -women of winter-, ambiance garantie).
Mais... des moments forts, un retour plutôt positif.
Visite de la DZ des Praz. Gendarmes-secouristes (guides pour la plupart), toubibs, pilotes, mécaniciens, tous apprécient le nouveau matériel : puissant, maniable, vaste habitacle,... Pas mal d'accessoires à la MacGyver,... Sur Cham' en hiver, 50% des interventions sur les pistes, 50% sur la Vallée Blanche, le reste (sic) en montagne...
Discussion risque avalanche. Munter est dépassé, qui ne visait à l'époque qu'à obtenir un risque socialement acceptable. Sa démarche reste respectable et nécessaire, mais doit être affinée. L'objectif n'est pas pour nous de diviser par deux le nombre de victimes, mais qu'on n'ait pas d'ensevelis. Bilan : éviter autant que faire se peut les pentes à plus de 30° (ou menacées par des pentes à plus de 30°) en hiver, point barre : faire un détour, ou... renoncer. Hagenmuller (formateur ENSA qui encadrait le stage) a été plutôt convaincant... Je simplifie évidemment outrageusement, mais il faut savoir que 25% des victimes d'avalanches l'ont été par risques 1 ou 2...
Analyse du manteau neigeux dans une pente à quasi 30°. 2,5m d'épaisseur, stratification compréhensible vu la nivo-météo de l'hiver, et puis... test de la colonne (coin glissant simplifié) : rupture sur une couche fragile cachée dans une couche apparemment saine et fiable, absolument invisible à l'oeil ou autre !!! Conclusion : cf. le point précédent.
Itinéraire sans visibilité : tout le monde n'était pas à l'aise...
Recherche multiple de victimes d'avalanche sur configuration "réaliste" (un groupe arrive sur une avalanche, aucune info sur le nombre potentiel d'ensevelis, les témoins sont tétanisés ou incohérents). Eh bien, même en situation d'exercice, plutôt ludique, c'est très vite le b..., on se marche dessus, on cafouille sur les rôles de chacun et... le temps file ! Bref, le res' doit figer l'organisation dès le début de la recherche, et la délégation des rôles doit être faite avant d'être en situation (si bêtement le dit-res' est enseveli).
Et pour les geeks. Le GPS est complètement enfoncé. Rien ne vaut un bon smartphone (avec batterie annexe : 15h d'autonomie) : cartographie en mémoire, localisation (puce GPS), repèrage, visualisation de l'itinéraire, etc. Toutes les applis pour ces outils sont maintenant disponibles !
Dominique
PS On a tous été confirmés, ouf !
Par : Dominique GOSSET - le samedi 30 mars 2013 -
Commentaires (4)
Comments Ah, la nivo...
Merci pour ce retour !
C'est sûr que si on veut un risque zéro, il faut éviter toutes les pentes à plus de 30° (y compris au-dessus). Ou faire du ski nordique dans le Jura. A chaque époque ses exigeances...
Munter est dépassé en France sans jamais avoir été appliqué (en club en tout cas). Mais bon...

Je suis preneur des applis smartphone pour l'itinéraire...
Par : Guillaume BLANC - le mardi 2 avril 2013
Comments Gestion des risques et Norme Européenne EPI ( Equipements de Protection Individuelle)
voir http://www.montagne-cool.com/donnees/newsletters/NL73.php
Ce n'est qu'une blague pour cette année, mais la tendance est là.
Par : Hubert LE PRIOL - le mardi 2 avril 2013
Comments Risque zéro?
Merci beaucoup pour ce retour. C'est aussi à ça que servent les stages: partager les observations et les réflexions. Si je peux me permettre d'en placer une (réflexion), je pense que des concepts comme "l'objectif n'est plus d'avoir un risque socialement acceptable, mais de ne plus avoir aucun enseveli" sont à la fois absurdes, inutiles et contradictoires. Absurde car comme dit Guillaume, le meilleur (et le seul) moyen de ne plus avoir d'enseveli est de ne pas faire de ski. Ca ne nous rendra d'ailleurs pas immortels pour autant... Inutile, car ce n'est pas en émettant un voeu pieux (ne plus avoir d'enseveli), qu'il va se réaliser. Ce dont on a besoin concrètement, c'est d'un critère de détermination du risque 'socialement acceptable', forcément non nul, au-delà duquel on décide de faire demi-tour, ou de ne pas partir. C'est ce que Munter défend et ça me semble incontournable; reste bien sûr à confirmer et affiner les critères concrets qu'il propose, à en proposer de nouveaux, en se basant entre autres sur l'évolution de l'accidentologie et de la société. Contradictoire, car si l'objectif était réellement 'zéro enseveli=zéro risque', à quoi servirait donc de travailler les techniques de recherches et d'étudier le matériel de sauvetage? On le fait bien parce qu'on sait qu'il y a un risque d'ensevelissement, quelles que soient les précautions prises. Donc, donner la priorité aux moyens d'éviter l'avalanche sur les moyens de sortir de l'avalanche: oui, cent fois. Mais croire qu'on supprime le risque en décidant, par exemple, de boycotter systématiquement toute pente au-delà de n degrés me paraît aussi simpliste qu'inadapté. Est-ce pour ne pas avoir à accepter cette évidence, terrible ou banale, c'est selon: la vie est une activité à risque; la montagne, sous la plupart de ses formes, y contribue particulièrement.
Par : François GIUDICELLI - le mercredi 3 avril 2013
Comments risque zéro... sur le blog ;o)
Evidemment, la discusion a été plus affinée que ce que j'en ai transcris... Tradutore, traditore n'est ce pas... Il est indéniable que les approches initiées par exemple par Munter ont très largement fait baisser l'accidentologie. Et ça, ça n'est pas contestable ! Maintenant, la connaissance de la neige s'est affinée, ce type de réflexion est entré dans les pratiques, entre autres des professionnels, les outils dont on dispose s'améliorent, il est normal que ça évolue. Il n'en reste pas moins que la neige est un matériau fragile, au sens de la résistance des matériaux, ce qui signifie que la possibilité d'une rupture ne peut être évaluée que statistiquement. Et que c'est initialement un empilement de type granulaire (particulièrement si elle a été transportée), pour lequel une pente de l'ordre de 30° représente effectivement une limite de stabilité avérée tant que les mécanismes de frittage ne se sont pas activés. Après... on en revient à une appréciation subjective, compromis entre expérience et prise de risque, le curseur devant être placé différemment selon la nature du groupe (on revient à Munter et la méthode 3x3 n'est-ce pas).
Par : Dominique GOSSET - le mardi 9 avril 2013