Camp d'été 2021 à Ailefroide : un été de grandes premières
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Il est 23h en ce dimanche 12 Septembre et je regarde mes mails avant de dormir. Je vois un mail de François : Objet : Retour du Camp d'été, "ça pourrait être sympa de faire un post sur le blog ... Peut-être qu'Adrienne, qui a vu le Gums défiler un mois entier à Ailefroide, pourrait écrire quelque chose ?"... C'est pas faux ! Quand je repense à ce mois de Juillet, j'ai l'impression que c'était hier et pourtant, deux mois se sont écoulés depuis mon retour à Paris. Les souvenirs se réveillent à moi alors que je tente de m'endormir. C'est décidé, l'heure de mon premier article est venue ! C’est chargés comme deux mules que mon vélo et moi embarquons ce vendredi soir 2 juillet dans le train de nuit : direction Modane, puis bus pour l’Argentière. Pas de siège inclinable cette année mais le luxe de deux sièges pour dormir couché en chien de fusil. La nuit tombe vite alors que j’ouvre le topoguide Voies Normales et Classiques des Ecrins de Sébastien Constant et je m’endors pleine d’excitation et d'appréhension pour ce fameux camp d’été. C’est mon premier camp d’été et je n’ai jamais chaussé de crampons ni marché sur un glacier. D’ailleurs je n’en ai jamais vu. Il y a à peine quelques mois je ne faisais pas de différence entre la couenne et la grande voie. J’ai hâte que le camp commence pour découvrir tous ces aspects de la montagne qui m’attirent et me sont encore inconnus.
Fraîchement débarquée du bus à la gare de l’Argentière, je réalise que le premier challenge de l’été sera de monter jusqu’aux Claux. Je me lance sans regarder ni le kilométrage ni le dénivelé : ignorance is bliss, comme ils disent. Les sacoches accrochées, mon sac sanglé par-dessus, mon vélo semble peser le poids d’un petit éléphant et la manœuvre de démarrage est maladroite. Les premiers mètres de montée me mettent dans l’ambiance, ça grimpe plus sec qu’aux Buttes Chaumont. Les trois pauses dans la montée ne sont pas de trop pour retrouver mon souffle. Je me réconforte : « au moins ça me fait les cuisses et le cardio ». Les clés de mon appartement récupérées, je repars à l’assaut du dernier tronçon de route. Cette année, pas de camping pour moi, je dois télé-travailler. J’en ai profité pour ouvrir les portes de ma location à plusieurs gumistes (plus attirés par la perspective d’un logement sec et confortable que par la nécessité d’avoir un lieu où travailler !). Cette première semaine de Juillet est bien calme, le camping d’Ailefroide n’est pas encore très rempli, j’en profite pour explorer les environs. En fin d’après-midi après le travail, je pars explorer le versant sous la Blanche, à vélo pour aller plus vite. Bon par contre, il faut se farcir la montée et c’est une autre paire de manches. Surtout quand je me suis mis en tête de suivre une piste de ski un peu trop raide et rocailleuse. Essoufflée, les cuisses en feu et les bras plein de cambouis, je me réconforte : « porter son vélo ça doit bien valoir un sac d’alpi ou une corde à double non ? ».
Quelques jours plus tard, les premiers gumistes ont pris leurs quartiers au camping. Je me fais embarquer par Dominique, Pascal, Monique et Magali direction la Blanche, à pieds cette fois. La météo annonce de la pluie dans l’après-midi donc le départ est matinal à 7h. Une petite mise en jambes de 1300 de D+, entre les nuages. Peu avant le sommet, il reste encore de la neige ! Arrivés au sommet, Monique, Dominique et moi contemplons le paysage : les nuages sont sympas et nous laissent admirer la superbe vue sur le vallon du Sélé, Clapousse et surtout le Pelvoux, c’est superbe. Les plus attentifs remarqueront qu’on en a perdu 2 au sommet, rassurez-vous : on les a récupéré à la descente ! Le soir venu, on se retrouve autour d’une omelette aux champignons cueillis à la descente. Dominique me propose de faire le Col du Sélé, une course d’alpi peu engagée, parfaite pour débuter et s’entraîner à bien cramponner. Ni une ni deux, j’accepte. Le lendemain j’arrive super motivée vers 10h au camping avec mon sac. Je vide mon sac devant la camionnette de Domi et on fait le tri. « Comment ça ? On bivouac sans tente ? ». Une paire de chaussures d’alpinisme empruntée à Domi, des sur-gants empruntés à Magali, des crampons et un piolet empruntés au GUMS, un paquet de nouilles pour le soir et du pain fromage pour le matin : je suis fin prête et sur motivée. On part vers le refuge du Sélé en milieu d’aprèm, la chaleur est écrasante et on est bien contents d’arriver au bivouac. On dégage quelques pierres, on installe les sacs, on fait chauffer le diner, on se couche et on règle le réveil à 4h ?! « Tu blagues ? C’est pour de vrai ? » je demande à Dominique. J’aurai bien aimé que ce soit une blague mais non. J’apprends que pour les courses de neige, il faut partir tôt. Le soleil s’est à peine couché derrière la Pointe du Sélé que mes compagnons s’endorment. Bon moi entre l’excitation, la lune éblouissante et la rosée qui trempe mon sac de couchage, je ne dors pas vraiment. Vers 3h30, j’aperçois des frontales qui émergent du refuge du Sélé, les premières cordées se mettent en marche. Certaines vers Ailefroide Orientale, d’autres pour les Bœufs Rouges. Je commençais tout juste à me rendormir quand ces derniers passent devant notre bivouac, s’arrêtent et commencent à discuter. Il n’est même pas 4h, ils auraient pu discuter ailleurs qu’à un mètre de nos tapis de sol non ? Le pain et le fromage difficilement avalés, on laisse derrière nous nos affaires de bivouac coincées avec des pierres pour qu’elles sèchent et on se met en route vers le glacier du Sélé. Le premier jeu du matin pour les trois joueurs de la cordée : ne pas mettre les pieds dans l’eau, est remporté haut la main et on arrive enfin sur le début du glacier. Attentive, j’écoute les conseils de Dominique : marche en canard, ne te met pas des coups crampons dans les mollets et encore moins sur la corde et garde le piolet en amont. C’est parti : premiers coups de crampons dans la neige. Alors que le ciel s’éclaircit, j’ai des étoiles plein les yeux. Le soleil colore peu à peu les montagnes et le glacier rougit sous les premières lueurs du jour. C’est très beau, très silencieux. On n’entend rien hormis nos respirations et nos crampons dans la neige. Les sommets s’illuminent alors qu’on est à mi-chemin vers le Col. Arrivés au col, je suis conquise : l’alpi c’est super. [la suite de l'article dans le prochain crampon ;) ] |
Par :
Adrienne DE BAZELAIRE
- le dimanche 26 septembre 2021 -
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Le Blog des Gumistes